Tata Odile,
Depuis ce jour où tu es rentrée dans la famille Crespo, tu n’as cessé de rayonner sur ceux qui t’entouraient, à commencer par ton amour de jeunesse, Pierrot, le danseur des bals d’Alger, le complice de l’Algérie années 1940. L’Algérie, ton Algérie, celle de Fort-de-l’eau où tes parents se sont mariés et où tu finiras par t’installer avec Pierrot dès votre mariage le 19 janvier 1952. Les voeux s’échangent au plus grand bonheur des Crespo et des Torès, fins prêts à agrandir la famille, l'attachant à cette terre algérienne si haute dans le coeur de chacun, l’Algérie Pied-Noire qui jamais ne te quittera.
Bientôt, tu feras le bonheur de tes enfants, Pierre-Jean et Annie-Claude, et de tes neveux, au milieu d’une marmaille en perpétuelle agitation. A même le sable un dimanche d’été sous la guitoune, ou à l’ombre des Pins pour déguster la mouna de Pâques, tu es toujours présente, joyeuse et enjouée. Ton neveu Jean-Louis, comme les autres, se serait damner pour tes sandwichs au pain frotté à l’ail avec de la pulpe de tomate et de l’huile d’olive. Un régal que tu sauras raviver une fois en France, lorsqu’il te faudra tourner la page algérienne en 1963, pour toujours pérpétuer l’esprit pied-noir dans d’immenses réunions de famille autour d’un bon repas à Canet.
Quelle savoureuse tendresse que celle que tu nous as apportés tata. Merci d’avoir été présente pour ma douce Mamie Fifine, mon papi Louis, mon père et ma tante Paule. Merci encore d’avoir si bien acceuilli ma grand-mère Madeleine lorsque ma mère vous l’a présentée à l’aurore de son mariage en 1978. Merci tata, de cette ambiance inégalée que tu savais installer dans ta maison, de ton humour toujours à point et de ces blagues que tu entretenais avec Pierrot dans nos esprits enfantins.
Ta maison est devenu un point de ralliement pour tous les neveux et petits neveux! David, Lionel et moi y avons passé tant de merveilleux souvenirs, faisant les 400 coups avec les cousins et cousines, Sandrine et Elodie, Christelle et Philippe, tes petits enfants endorés. Que de souvenirs de bons petits plats! Les couscous pied-noir, les paellas valenciennes, les plâtrées d’oursins que l’on déguste à l’apéro, tous debout sur la petite terrasse qui donne sur la cuisine où mijotent patiemment tes petits plats.
Mille et unes histoires jalonnent mes souvenirs de Canet, dans ce labyrinthe d’escaliers, de terrasses, de bouts de jardins ; ce garage et sa rampe descendante, ces recoins infinis à parcourir comme une erre de jeu propice aux cascades en tout genre.
Merci tata. Ce matin, j’ai mangé des oeufs à la soubressade, un petit clin d’oeil pied-noir à celle qui s’en allait. Je t’aime fort. Nous continuerons de parler de toi, de nous remémorer ton souvenir, de prononcer son nom pour le faire vivre une deuxième fois et lui apporter la lumière qui le guidera vers l’Occident divin. Puisse ton Pierrot t’accueillir enfin et apaiser ton âme pour accompagner ton repos éternel.
Sylvain